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Un blog de tous les jours pour vous aider à regarder ce que vous ne voyez peut-être plus !

Il était une fois « Une femme » ( 34 )

Il était une fois « Une femme » ( 34 )

Le temps est au beau fixe ce matin . Après une nuit agitée Mayana a bien l' intention de se réserver quelques moments privilégiées avec Jacob . Elle n' a cessé de passer et repasser dans sa tête les confidences de ce dernier , quelque chose ne colle pas . Marisa, femme de tête, fantasque et résolue ne peut avoir commis un tel geste de désespoir faute d' argent . elle n' y croit pas . Mais que peut-elle faire de plus que d' accepter cette éventualité , après tout ça ne la regarde pas . Si Jacob y croit elle doit y croire aussi . Tant pis , la vie suivra son cours et on verra bien .

Un sifflement transperce ses oreilles, si aiguë qu' elle en frissonne . Ils sont tous dehors à regarder Edward qui a ramené d' un de ses nombreux  voyages un instrument de musique qu' il essai d' apprivoiser . Il est bien évident qu' il ne sait pas s' en servir .

--  Arrête Edward, tu vas tous nous rendre sourd . S' exclame Adsila les deux mains collées sur ses oreilles . Le chat et le chien sont cachés sous les buissons tellement tu leur fais peur avec cet instrument infernal .

Tous éclatent de rire .

 Meika tend la main vers Edward saisissant la flûte de paon . Tout en se dirigeant lentement vers le lac elle s' assoit sur le petit banc de pierre et commence à jouer une mélodie que personne ne connaît . Figés ils la regardent . Seule sur sa planète Meika joue , elle joue sa vie , son passé , tout ce qui la rattache à sa terre . Sa vibration intensifie ce moment palpable . Mayana s' assoit près de sa mère , elle comprend en cet instant . Elle comprend le renoncement , les choix , l' amour inconditionnel qu' elle voue à son père . Elle comprend une peine insondable , elle comprend le sacrifice , elle ne l' avait jamais autant ressenti qu' aujourd'hui face au lac . Elle appuie sa tête sur l' épaule de sa mère regardant dans la même direction qu' elle . L' éclat de son regard saisi son coeur  " Je t' aime maman ."  Meika tourne son regard vers sa fille , un large sourire épanoui son visage . Mayana a compris, sans un mot juste au son de sa musique . Elle a compris tout l' univers de Meika , ses silences , ses abandons , son abandon . Elle comprend qu' elle a beaucoup souffert de son absence . Mayana ne peut plus rien changer , mais elle peut y remédier . Meika le sait .

-- Mon Dieu Meika que tu joues bien , moi ta soeur je ne savais même pas que tu maîtrisais si bien cet instrument .

-- J' ai appris après ton départ .Les soirs ou Robert s' absentait je prenais des cours . J' ai appris très vite . Un jour j' ai composé ma propre mélodie . Je ne me suis même pas forcée . elle est venue tout naturellement en pensant à ma maison , ma famille , le lac , les traditions .  Mon coeur c' est accroché , la musique a coulé comme ça à travers moi , elle est devenue mienne .

-- le silence .

Mayana se lève serrant la main de sa mère dans la sienne .

-- On va déjeuner ?  il me semble qu'il y a toute une  éternité de passer en si peu de temps  . Pendant quelques secondes Meika fixe sa fille comme si elle voulait graver dans sa mémoire son visage penché vers le sien . Elle se leve d' un bond on dirait un jeune chevreuil sautillant dans la clairière .

-- Oh maman que tu es agile ,taquine Mayana .

-- Beaucoup plus que tu ne pourrais le croire mon enfant .

Tous entrèrent dans la maison se bousculant par plaisir en traversant la porte d' entrée .

--  Ayoye! ' Adsila se cogne le coude sur le rebord de la grosse porte en acier tellement elle veut être la première entrée . " Toujours aussi compétitive ma tante adorée "

-- Que veux-tu , on ne peut pas tout changer .

-- Adsila  " Je prépare les gaufres "

-- Jacob " Je fais le café "

-- Meika " Je dresse la table "

-- Edward " Je cambriole le frigo "

-- Mayana " Je vous regarde "

--  Ah non par exemple . s' exclament-ils tous en même temps .

-- Très bien !  elle se dirige vers l' armoire et nourrit les animaux .Vous en voulez ? Edward fait la grimace tout en faisant semblant d' être très, très malade . 

-- Ils s' installent autour de la table savourant les délicieuses gaufres au sirop d' érable d' Adsila , les cretons de Maika et les confitures de petites fraises des champs de Mayana . Fraises cueillies derrière chez-elle début  juillet . L' odeur du café qui flotte dans la pièce accentue le plaisir de cette matinée si bien commencée .

On débarrasse la table , un bruit d' enfer les fait sursauter , Edward dans son empressement vient de faire tomber par terre une dizaine d' ustensiles . Adsila le frappe de sa serviette .Edward se sauve dans le salon poursuivi de celle-ci , du chien et du chat . Des cris exagérés proviennent du salon  doublés  des jappements de Bandit et de Onix qui revient en miaulant effrayé , les oreilles collés sur la tête .  Il  s' engouffre sous l' îlot en tremblant comme une feuille sans demander son reste . Le calme s' installe et nos deux comparses reviennent bras dessus bras dessous comme si de rien n' était en parlant calmement de la pluie et du beau temps .

-- Hé bien ! Tout ce tintamarre  pour rien .Tu es nerveuse ma chère Adsila .

-- Un peu . Avouez que ça surprend !

-- Une serviette pour attaquer ça ne fait pas très sérieux .

-- C' est moins douloureux qu' un marteau .

-- Bon assez placoté que fait-on de notre journée !

-- Maman et Adsila avaient proposé de faire le tour de mes terres, qu' en dites-vous ? 

-- Je suis partant , j' espère faire de merveilleuses découvertes et prendre de belles photos .

-- " Très bien, tout le monde à leurs habits on part dans vingt minutes ."  On les vit tous disparaître chacun dans leur appartement . En bas dans la cuisine c' est le silence .Onix sort de sa cachette regardant autour de lui pour être bien certain que le danger est passé . Il avance lentement frôle le mur de ses moustaches , grimpe sur la chaise près de la fenêtre passe le bout de son museau à travers le rideau transparent . Rien , tout semble normal. Il descend de sa chaise , continue d' inspecter les alentours . Il entre dans le salon s' assoit sur le rebord de la fenêtre et répète le même manège , le museau collé sur la vitre froide  il regarde  dehors ,  aucun bruit . Il en profite pour se faire les griffes sur le bois fraîchement peint de la fenêtre . " Maîtresse ne s' est encore aperçu de rien pourquoi se gêner ."  Crounche, crounche , que ça fait du bien . Il reste là plusieurs minutes sans bouger . Bandit entre à son tour dans le salon , il n' a pas vue Onix . Le chat le regarde à travers le rideau , immobile .Si jamais on s'  approchait  du chat  on aurait  l' impression qu' il sourit . Le chien passe près de lui , beaucoup trop près . le chat saute dessus . On entend les jappements apeurés du chien qui ne sait pas très bien ce qui vient de se passer .Tout le monde accourt , on cherche , on calme le chien on ne voit rien . Onix couché nonchalamment sous l' îlot se lave faisant mine de n' avoir rien vue . Il se lève tranquillement, frôle la jambe de Mayana , s' approche du chien collant sa tête dans son  poile pour rassurer son ami. " Regarde , je suis là , tu n' as pas à avoir peur " Tout est calme . On part en expédition dans la bonne humeur . Bandit est tout excité. Onix les regarde partir par la fenêtre léchant ses pattes les yeux mi-clos .

Il était une fois « Une femme » ( 34 )
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J
Merci de ce beau commentaire .Je suis allée sur votre blog, c' est magnifique ;o)
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A
toujours un plaisir de flâner sur vos pages. au plaisir de revenir. N"hésitez pas à visiter mon blog. lien sur pseudo. à bientôt
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