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Un blog de tous les jours pour vous aider à regarder ce que vous ne voyez peut-être plus !

Il était une fois « Une femme » ( 9 )

Sortant brusquement de sa rêverie elle se tourna vers Lokesh .

- Alors dis-moi ce que ce Loudgio sait de moi, que lui as-tu dit pour qu’il me regarde aussi intensément. Soulevant les sourcils il lui répondit le plus sérieusement du monde.

- Je lui ai dit que tu étais une sorcière, pas n’importe laquelle, la sorcière des marais Amérindiens. Mayana le regarde presque’ affolée.

-- Tu ne lui as pas dit ça !

- Mai oui ma chère, tu ne peux renier tes origines regarde toi, crinière noire, yeux flamboyants couleur de ténèbres.  Je n’ai pas eu à le convaincre très longtemps, il ne tenait plus en place lorsqu’il a su que l’on passait près d’ici , il m’a supplié d’arrêter , ce que j’ai fait. Mayana plissa les yeux Lokesh ne voyait plus qu’une minuscule petite fente lançant des milliers d’éclairs.

- Qu’est-ce que je disais ! Une vraie sorcière . Son air narquois ne la rassura pas mais pas du tout.

- Dis-moi la vérité que lui as-tu dis !

Il ne répondit rien feignant apercevoir quelque chose de captivant au loin, il observait la route comme si sa vie en dépendait, il freina si sec que Mayana rebondit sur son banc.

- Regarde . Un superbe orignal traverse la route devant leurs yeux, majestueux, nonchalant ils ne pouvaient que l’admirer.

- Œil de lynx, dit-elle pour se venger.

- Je lui ai simplement dit qu’une cousine perdue de vue depuis longtemps revenait dans notre beau pays après avoir voyagée à travers le monde pendant au moins vingt ans . Étant un grand voyageur lui-même il voulait partager avec toi des histoires d’ outre-mer .

- Je voyageais surtout pour mon travail.

- Quelle importance, tu as vue du pays et de bien belles choses j’en suis certain.

...

Mayana n’a pas fait que de la traduction , elle a aussi fait de l’enseignement sous des huttes avec les moyens du bord à des enfants qui n’avaient presque rien. Malgré le peu de leur vie ils étaient heureux jusqu’ au jour ou de grosses compagnies sont venues briser leur territoire, briser leur vie en détruisant des forêts entières d’arbres centenaire. Elle a pleuré avec eux, les a aidé à se rebâtir en faisant des levés de fond, elle connaissait tant de gens, elle les avait défendu bec et ongles, elle avait trouvé tellement injuste que des gens si fiers avec si peu ait été traités sans égard comme de la marchandise sans rien en retour , rien. Elle avait acheté des machines pour coudre les vêtements que les femmes africaines teindaient elles-mêmes de motifs multicolores, du « batik » qu’ elles revendaient au marché le plus près « huit kilomètres à pied juste pour l’ aller » Elle avait réussi à récupérer des livres d’ une vieille bibliothèque que l’on voulait détruire pour construire des condos de luxe pour les touristes, avec l’ aide des villageois ils avaient transportés les livres jusqu’ au village , à pied et en voiture . Sa révolte fut grande , Mayana avait appris à aimer ces êtres vrais sans ressource . Le soir ou elles les a quitté ils organisèrent une grande fête juste pour elle , elle a joué des djembés jusqu’en avoir mal aux mains pour libérer son cœur de la rage qui l’ habitait .

- Nous approchons de la maison.

Mayana sursauta, elle était tellement perdue dans ses pensées elle se secoua pour revenir dans sa réalité. Son cœur commença à frémir sous l’émotion, le paysage devenait de plus en plus familier, les arbres étaient beaucoup plus grands, la verdure avait changée mais quelque chose d’indescriptible s’empara d’elle. Quelques tournants plus loin et la maison apparut. Le souffle court Mayana sentit son âme se gonfler .

-Arrête, arrête Lokesh je veux descendre.

-Il arrêta la jeep . Mayana descendit Bandit aussi.  Elle croisa ses bras sur son cœur comme pour une prière . Le vent soulevant sa chevelure d’encre noire, elle tomba à genoux embrassant  la terre de ses ancêtres. Lokesh se pencha il l' aida  à se relever. Il sentit toute la chaleur et l’amour qui habitait Mayana dans ce moment de félicité, elle n’arrivait plus à bouger tellement l’émotion était forte. Lokesh respectait cet instant fragile et unique. Elle resta là pendant plusieurs minutes, Bandit assis près d’elle semblait comprendre ce silence crucial. Lorsqu’elle se tourna vers Lokesh il crut voir dans ses yeux une lumineuse lueur, son cœur bondit "  Grand-mère avait raison " Lentement elle sortit de sa demi-transe il était maintenant temps de se diriger vers la maison. Ils marchèrent main dans la main comme des enfants, leurs pieds écrasant les herbes folles "  La maison voilà la maison " Elle était là devant elle aussi belle que dans ses souvenirs , la même couleur . Elle lâcha la main de Lokesh et partit en courant ,Contournant la maison  elle le vit, le totem immense que grand-père avait sculpté dans un arbre ,les figures colorées, les oiseaux prêt à s’ envoler , les signes , les canots sur l’ eau rien ne manquait .

-Grand-mère le faisait restaurer régulièrement, murmura Lokesh .

Elle caressa le bois doux et de son doigt dessina les pourtours de l’œuvre comme dans son enfance . Lokesh en fit autant . les sensations oubliées se mêlèrent à ses larmes, de chaudes larmes coulèrent sur les joues de Mayana, elle colla son visage sur la structure de bois , des images défilèrent, elle revoyait grand-mère et grand-père se balançant au loin leur envoyant la main, "  Vous me manquez tellement "

Elle se détacha du totem, lentement tourna son regard vers l’ouest, le lac. Ils se regardèrent joignant leurs doigts , on vit se découper sous fond de ciel bleu deux enfants courants vers l’eau en riant, en criant .

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